Moindre souffle de Yannik Girouard. Les Hommes sans Epaules Editions, 8 rue Charles Moiroud, 95440 Ecouen.
Yannick Girouard déploie avec élégance une poésie délicate qui nous enveloppe pour mieux nous conduire dans les profondeurs du mystère. La mystique qu’il nous propose est libérée des lourdeurs des terrestréités. Nous sentons le lent travail alchimique, peut-être douloureux, qui a permis d’aller au simple par des chemins serpentins et, non sans bonheur, caillouteux.
(l’Arche)
Depuis les prophètes elle prend l’eau
Ton corps cloué comme une planche
exposé aux tempêtes
le pavois des martyrs quand s’aggrave la brèche
la voix du veilleur
l’allège
où se prend le souffle
où s’imprime ta Face
toujours plus défigurée
j’ai gravé le bois
Extrait de Béatitudes
Au coeur de la Croix
explose la Rose
éternité de l’impossible baiser
sur son cher visage
à perte et jouissance
entre les pétales de nos lèvres
l’eau et le sang de Sa Plaie
mousse l’abîme de la mer
Les mots se tissent en une âme-peau (plutôt qu’un moi-peau) dont la sensibilité se fait miroir.
Même quand il descend dans le monde, dans la dualité oppressante, Yannick Girouard ne cesse d’orienter vers la lumière, ne serait-ce que par un infime point scintillant.
Me voici coupé en deux parts
Brûle tout
que mon amour ajoute sa flamme
Un ange recueille la cendre des yeux
Nous voici qui avons reconnu Ta douceur
Inonde grottes failles et galeries
englouties la Mémoire architecte
où s’abreuve le feu triste des morts
A lire, juste pour la beauté.